6 février 2021, contribution de Catherine Zambon

6 février 2021, contribution de Catherine Zambon

Catherine Zambon, actrice, signataire de notre appel est membre de notre collectif.

Être là

Lorsque j’étais enfant, ce qui m’émerveillait, c’était les papillons bleus que je voyais voleter autour de moi en été.

Ils ont disparu peu à peu.

Ce qui m’émerveillait, c’étaient les hannetons et leur carapace mordorée.

Cela fait 30 ans que je n’en n’ai plus vu.

Ce qui m’émerveillait, c’était de croiser une biche.

Aujourd’hui je suis accablée lorsque j’en vois une égarée sur une terre qui ne lui offre aucun refuge.

Et maintenant : TROPICALIA. La plus grande serre tropicale au monde.

Et nous y voilà : on enferme la nature.

Pour des raisons de préservation et de pédagogie nous dit-on.

Quelle blague.

Est-ce faire œuvre de pédagogie auprès d’enfants que de leur inculquer que l’homme est tout puissant et qu’il règne en maître sur la nature ? Cette idéologie n’a-t-elle pas atteint ses limites avec le réchauffement climatique, la disparition des espèces, le saccage des paysages ? 

Pourquoi devrait-on cautionner la rêverie d’un homme nostalgique de son vécu tropical alors que notre faune locale est en danger ?

On a un littoral fantastique.

Et un arrière-pays sacrifié.

J’exagère : il est vrai que, parmi nos amis naturalistes se chuchotent les rares lieux où observer une faune et une flore intacte. Ça se dit à voix basse. Ce sont des adresses plus prisées que les lieux de villégiatures de célébrités locales.

Mais si on continue, il n’y aura plus grand chose à voir en Hauts de France.

Alors : TROPICALIA.

Mais que se passera-t-il lorsque le promoteur fera faillite dans cinq ans parce qu’un virus sera entré ou sorti de sa serre. Ou parce que la conscience de la cause animale aura tant évolué que personne ne voudra payer 100 euros pour emmener sa petite famille voir un papillon au pied d’une fausse cascade.

Une serre tropicale ne pourra jamais nous consoler de la disparition de nos forêts, de nos prés, de nos rivières, de la flore et la faune qui vont avec.

Qu’irions-nous faire dans une serre où des colibris sont confinés à vie quand les linottes mélodieuses ont déserté la région ?

L’association C’est assez ! organisait chaque mois, un rassemblement devant le parc Astérix pour manifester contre les delphinariums.

Le parc a fermé son delphinarium.

Alors, s’il faut être là, chaque mois devant Tropicalia, nous y serons.

Rejoints par des paysans, des militants de la cause animale, des amoureux de la région, des défenseurs du vivant.

Nous serons là.

Accompagnés par de plus en plus de philosophes, d’artistes, de scientifiques, d’associations, de citoyennes et citoyens convaincus du bien-fondé de notre lutte.

Nous serons là.

Organisant des randonnées autour des élevages industriels, dans des zones Seveso et autour du futur EPR. Et aussi en Baie d’Authie, de Canche et de Somme.

Nous serons là.

Créant un joyeux barouf pour évacuer

Le désarroi dans lequel ce projet nous plonge.

Nous serons là.

Dans la lutte et l’obstination.

Nous relayant les uns les autres.

Nous serons là.

CZ 5 février 2021

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